Pesticides et démocratie

On sait que les lobbies, et particulièrement ceux des pesticides, agissent au niveau européen pour influencer les décisions de la commission. 

On apprend qu’ils interviennent aussi dans le financement des partis européens notamment en payant des droits d’entrée dans leurs congrès. Cette pratique, interdite en France, est tout à fait légale à Bruxelles.

Les multinationales sont ainsi invitées moyennant espèces sonnantes et trébuchantes à intervenir dans les conventions, colloques ou congrès annuels. Chaque intervention est plafonnée à 18 000 € mais cela permet de boucler un budget qui doit obligatoirement intégrer des financements privés à hauteur de 15 %. 

Ainsi Uber vient expliquer à des députés européens ce que la flexibilité apporte à la modernisation de la société et Bayer-Monsanto ce que le glyphosate apporte à la biodiversité de la planète, tout en finançant le parti invitant.

Sur les murs de Bordeaux le 19 janvier 2019

Ces donations sont publiques car à Bruxelles, on a le lobbying décomplexé. Pour la période 2014-2018 elles se trouvent ici.

Une édition de la rubrique des Décodeurs du Monde a examiné cette question en se concentrant sur le parti européen appelé « L’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe » ( ADLE). Ce parti nous intéresse car c’est celui que la REM d’Emmanuel Macron, un parti qui n’existait pas lors des dernières élections européennes, a décidé de rejoindre. C’est déjà celui des députés issus du MODEM ou de l’UDI. Et si les autres partis comme le PSE ou le PPE semblent surtout abreuvés par les trusts des télécommunications ou Microsoft, celui-là semble avoir un attrait particulier pour les marchands de phytos.

L’APHG accueillant les ministres A Buzyn et F De Rugy lors des Rencontres nationales de la Santé et de l’Environnement le 14 janvier 2019

Voici, par exemple, les dons à ce parti de deux multinationales que nous connaissons bien  : Bayer qui commercialise le Folpel que l’on trouve à haute dose dans l’atmosphère du département et le suisse Syngenta qui fabrique l’Eperon Pépite, un des produits pulvérisés sur les enfants de l’école de Villeneuve de Blaye.

Il faudrait avoir très mauvais esprit pour mettre en relation l’usage immodéré des pesticides dans notre pays, les décisions qui y sont régulièrement prises pour ne pas entraver leur commerce, et de telles relations entre partis politiques et multinationales de l’industrie des poisons.