Les industriels qui fabriquent et vendent les pesticides préfèrent appeler ces derniers des produits phytosanitaires (étymologiquement, « phyto » et « sanitaire » : « santé des plantes ») ou des produits phytopharmaceutiques (PPP)  pour désigner les molécules (essentiellement issues de la synthèse organique) qui servent à tuer des plantes, insectes et champignons. Comme dans le roman d’Orwell, on désigne à l’aide d’un mot évoquant le soin et la protection, un produit destiné au contraire. Le terme pesticide évoque souvent l’ensemble des catégories (herbicide, fongicide, insecticide, …).

Éléments de définition

Dans l’Union Européenne et dans la plupart des pays, les biocides doivent être homologués, et autorisés pour un ou plusieurs usages (qui peuvent varier selon les époques ou les pays).

Ils sont composés d’une ou plusieurs substances actives ou de micro-organismes, et de co-formulants :  liant,  solvant ou adjuvant permettant la fixation sur la feuille ou tensioactif.

Les substances actives peuvent être minérales (exemple, le sulfate de cuivre de la bouillie bordelaise) ou organiques (exemple, les carbamates). 
Elles peuvent être d’origine naturelle ou issues de la chimie de synthèse mais parfois cette dernière reproduit des molécules biocides que l’on trouve  dans la nature (exemple, les pyréthrines de synthèse, inspirées de molécules produites par les chrysanthèmes et ayant des vertus acaricides, antiparasitaires et surtout insecticides).

Les produits phytosanitaires sont utilisés pour améliorer les rendements et agissent selon divers modes opératoires :

  •  en repoussant ou en éliminant les nuisibles (animaux, végétaux, bactéries, champignons…), ou plus particulièrement de parasites, de plantes concurrentes (végétaux ou parties de végétaux jugés indésirables), ou de nuisibles animaux qu’on appelle ravageurs. 
  • en contrôlant la présence d’organismes vivants non désirés sur des zones non cultivées.
  • en limitant la croissance de différents végétaux (les régulateurs de croissance ou raccourcisseurs, les dessicants qui détruisent le feuillage afin de faciliter la récolte des graines).
  • d’autres peuvent enfin être utilisés afin d’assurer une meilleure conservation des graines et des fruits

Toxicité et écotoxicité des produits phytosanitaires

Les phytosanitaires sont généralement spécifiquement formulés pour tuer des organismes entrant en compétition avec les plantes cultivées ou nuisant à leur croissance ou à leur reproduction (mousses, champignons, bactéries, végétaux concurrents, insectes, rongeurs, acariens, mollusques, vers, nématodes, virus, etc.). Ils sont plus ou moins rémanents, écorémanents ou (bio)dégradables ou biodisponibles. Ils sont aussi plus ou moins volatiles.

Une catégorie de produits phytosanitaires est réputée moins nocive ou non-nocive pour l’environnement en agissant de manière différente : par compétition, par prédation, par mimétisme, par stimulation des défenses naturelles, etc. Tous doivent être utilisés en respectant les conditions d’emploi co-définies par le fabricant et les autorités responsables de l’homologation.

Les produits jugés les plus toxiques et/ou écotoxiques sont étiquetés comme tels en théorie, conformément à la réglementation qui évolue avec les connaissances scientifiques. Une fois que l’agence européenne EFSA a approuvé une substance active, c’est l’ANSES qui est chargée de l’évaluation de la toxicité des préparations commerciales (substance active + co-formulant). Trois catégories de produits utilisés en agriculture sont très dangereux : les CMR (voir article ici), les perturbateurs endocriniens (voir rubrique ici et article là) et enfin les SDHi (voir article ici et rubrique là).