Des actes, pas de la “comm” !

Lors de la conférence de presse du mercredi 10 avril (communiqué ici), initiée par l’APHG avec le soutien des organisations AAT, CIMP, AMLP, GF33, FSU33, FCPE33, CPESP, nous avons révélé les analyses réalisées par un laboratoire indépendant d’un vin de Tutiac.

Pourquoi ce choix ?

Parce que nous en avons assez d’être arrosés de pesticides de synthèse, de les respirer, de les manger, de les boire et d’assister à la multiplication des maladies (chez les professionnels ou les riverains) dues aux produits cancérigènes (CMR) et ou perturbateurs endocriniens (PE) : Parkinson, cancers homono-dépendants comme ceux de la prostate ou du sein, perturbation de la maturation sexuelle des enfants (puberté précoce des filles, déformation testiculaire des garçons …).

Que font les pouvoirs publics ?

Rien.

  • Le gouvernement reporte l’interdiction du glyphosate, reporte l’interdiction de fabriquer et vendre à l’étranger les produits que nos propres agences d’Etat jugent trop dangereuses pour être utilisées chez en France (c’est dire si elles le sont !).
  • L’ANSES maintient des homologations pour des substances dangereuses pour la santé ou l’environnement (voir article complet sur le site AAT). Pourtant plusieurs organismes publics annoncent une explosion imminente des demandes d’indemnisation de la part des victimes de pesticides (voir rapport interministériel ici).
  • Le Préfet de Gironde refuse de prendre en compte notre demande d’une zone de 200 m autour des établissements sensibles où seuls les produits “bio” seraient autorisés.

Que font les organismes professionnels du vin de Bordeaux ?

Rien*.

Ou alors de la “comm” ! Multiplication des étiquettes vertes : HVE, Terra Vitis, SME, AREA (voir notre article ici) et des campagnes pour convaincre de “leur engagement” sans donner d’objectifs précis (cf article Vitisphere). Il s’agit, comme disent les communicants, de « transformer une anxiété sociétale en opportunité commerciale ».

Ces labels sont tous des labels d’agriculture raisonnée, c’est à dire utilisant des pesticides de synthèse. Nous disons pour notre part que ce n’est pas en repeignant les bouteilles en vert, en leur accrochant des étiquettes alléchantes que l’on va rassurer les consommateurs, les travailleurs de la vigne, ou les riverains.

Pour le démontrer, nous avons choisi un vin – plein de belles étiquettes – issu de la cave des Vignerons de Tutiac, premier producteur de vin d’appellation d’origine contrôlée en France.

De belles étiquettes vertes !

Présenté comme un vin « traditionnel » ne contenant ni oxyde de soufre (ajoutés), ni OGM (rappelons qu’ils sont interdits en France), et vegan (sans « colle » d’origine animale), ce vin contient pourtant :

  • des résidus de Folpel, un fongicide CMR (cancérogène, mutagène, reprotoxique) en quantité impressionnante alors que la pression du mildiou en 2017 n’est pas des plus fortes !
  • des résidus de deux insecticides néonicotinoïdes interdits depuis le 1/09/18 (autorisés en 17),
  • d’autres résidus d’anti-botrytis ou anti-oïdium toxiques en quantité significative.

Tout cela est légal, vu l’état de la règlementation en France et en Europe, mais ne correspond pas exactement à l’idée que nous l’on se fait d’un produit traditionnel respectueux de la santé et de l’environnement.

Vous pouvez télécharger avec ce lien notre synthèse de l’analyse de ce vin.

Vous pouvez télécharger ici les analyses complètes de ce vin (µg/L signifie microgramme par litre ; un microgramme est un millionième de gramme).

Attention, les limites maximales de résidus (LMR) indiquées dans la colonne de droite ne concernent pas le vin mais seulement le raisin de cuve. En effet, le vin a beau être un produit alimentaire, il n’existe pas de LMR et encore moins d’obligation d’indiquer ces valeurs de résidus de pesticides sur les étiquettes (voir notre page “résidus de pesticides“).

Pourtant, les services d’épuration de l’eau dépensent des sommes colossales (répercutées sur nos factures) pour retirer ces pesticides de l’eau qu’ils distribuent. Le code de la santé publique précise les concentrations maximales admissibles (CMA) dans l’eau du robinet en application des directives européennes 98/83/CE et 75/440/CEE :

Autrement dit, rien que pour le Folpel, le vin analysé contient 1550 fois la dose maximale admise pour l’eau potable !

*Une exception mérite d’être saluée : la cave de Rauzan qui a demandé à ses adhérents de renoncer aux traitements utilisant des produits CMR.

Addenda du 11/04/2019

Un lecteur attentif nous signale que le vin Tutiac Unique 2017 est mis en vente sur la e-boutique de la cave à la rubrique “Bio & Nature”, sous-titrée “Nos vins bio et nos vins sans soufre ajouté”. Ce qui s’approche cette fois de la publicité mensongère car une lecture rapide peut amener à penser que les vins présentés sur cette page sont à la fois “bio” et “sans soufre ajouté” et en tout cas “nature”, surtout lorsqu’ils sont parés de cartons verts.

copie d’écran ( 11/04/2019) de la page e-boutique de Tutiac rubrique “Bio & Nature”